Une sale (et triste) affaire

Aujourd’hui, j’ai cassé un verre.

Et alors, vous allez me dire ? Et alors, j’ai tout de suite pensé aux éboueurs, qui depuis quelques mois, ayant changé leur jour et horaire de collecte des ordures ménagères, désormais se matérialisent soudainement devant mes yeux de façon hebdomadaire (avant je ne voyais que mes paniers se vider mystérieusement…)

Loin, très loin de leur confrères Parisiens, tous de vert vêtus, dans leurs uniformes imperméables aux bandes réfléchissantes, gantés, bottés, lunettés et parfois même, masqués, les éboueurs laos sont une triste armée de va-nu-pieds. Pas de protection particulière, c’est avec leur courage à deux mains qu’ils procèdent au ramassage des ordures : un ou deux gars courent derrière le camion et balancent aux deux autres assis dans la benne, sur le tas de déchets, les sacs. Puis une fois happés, les sacs sont immédiatement déchirés et minutieusement fouillés, afin de révéler leur contenu.

Je dois avouer que depuis que ces collectes apocalyptiques me sont devenues réelles, tout cela me hante… Je ne pense pas que cette pratique soit observée par tous les éboueurs, dans tous les quartiers. Ma théorie est la suivante : même si mes voisins immédiats sont laos, le quartier est tout de même truffé de falangs. Alors, étant donné que nous sommes connus comme des êtres profondément gaspilleurs, dans nos ordures, théoriquement, peuvent se cacher mille et un trésors. C’est de la récup’, en somme, mais au grand dam de leurs mains, de leur santé et, sans doute, de leur amour propre.

Du coup, vous comprenez maintenant pourquoi je suis vraiment embêtée avec mes tasseaux de verre?